Microbiote intestinal

Microbiote et système immunitaire

Un des rôles du système immunitaire est de protéger le corps des micro-organismes pathogènes. Il se charge aussi d’éliminer les structures cellulaires étrangères (notamment les tissus nécrotiques ou morts et les tissus tumoraux). Il dispose à cet effet de mécanismes aspécifiques, innés, et de mécanismes spécifiques, acquis.

Le système immunitaire aspécifique comprend divers éléments qui combattent les organismes pathogènes du corps. L’agent extérieur qui y parvient néanmoins est mis hors d’état de nuire le plus rapidement possible.

Quant au système immunitaire spécifique, il se construit au fil du temps. Au premier contact, les caractéristiques de l’intrus sont enregistrées dans une sorte de mémoire. Si le contact se reproduit, l’intrus sera immédiatement reconnu, ce qui autorisera une réaction rapide et efficace.

Des tests ont montré que le microbiote est indispensable au développement normal du système immunitaire dans les intestins. Les animaux sans microbiote (souris axéniques) – ayant des intestins stériles – présentent un système immunitaire sous développé [1].

Les villosités et micro-villosités de la paroi intestinale sont plus petites que chez les animaux ayant un microbiote intestinal. Les fonctions intestinales (péristaltisme et renouvellement cellulaire) sont également moins efficaces.

Le système immunitaire

Effets du mircrobiote sur la résistance naturelle

La peau compte plusieurs couches de cellules. La couche supérieure, cornée, est difficile à franchir. Les intestins, en revanche, ne font qu’une cellule d’épaisseur: les nutriments peuvent en traverser les parois sans difficulté, soit en diffusant librement, soit au moyen de transporteurs spécifiques.

Pour arrêter les bactéries pathogènes, les intestins doivent dès lors pouvoir faire la différence entre les intrus et les substances utiles à l’organisme. La résistance naturelle est mobilisée à cette fin. En raison de leur surface, aussi vaste que vulnérable, les intestins jouent donc un rôle crucial dans notre immunité.

Les micro-organismes constituent la première ligne de défense contre les bactéries exogènes et pathogènes. Certaines bactéries peuvent produire des substances antimicrobiennes comme les bactériocines ou des acides organiques, pour entraver la prolifération de leurs homologues nocifs.

L’équilibre entre les différentes sortes de bactéries résidentes veille à la stabilité de la population. À l’intérieur d’une niche écologique, plusieurs genres de bactéries se disputent les aliments disponibles.

Effets sur le système immunitaire inné

En raison de leur surface, aussi vaste que vulnérable, les intestins jouent un rôle crucial dans notre immunité. Les micro-organismes constituent la première ligne de défense contre les bactéries exogènes et pathogènes [2].

Certaines bactéries peuvent produire des substances antimicrobiennes, comme les bactériocines ou des acides organiques, pour entraver la prolifération de leurs homologues nocifs.

L’équilibre entre les différentes sortes de bactéries résidentes veille à la stabilité de la population. À l’intérieur d’une niche écologique, plusieurs genres de bactéries se disputent les aliments disponibles.

Influence sur les fonctions immunitaires

Influence sur les fonctions immunitaires

La composition du microbiote intestinal a une influence sur les fonctions immunitaires. Par exemple, les lactobacilles et les bifidobactéries ont la capacité de moduler les réactions immunitaires. Les lactobacilles inhibent la synthèse des cytokines pro-inflammatoires (notamment TNF-α et IL-12) et stimulent la synthèse des cytokines anti-inflammatoires (par ex. IL-10 ou TGF-ß) [3]. Un renforcement de la tolérance orale aux (auto)antigènes solubles peut limiter les maladies autoimmunes.

La stimulation de la production d’IgA et l’activation des macrophages peuvent offrir une protection contre les germes pathogènes dans l’intestin.

L’activité cytotoxique des macrophages peut ralentir la croissance des tumeurs. Une réduction du niveau d’IgE a un effet positif sur les allergies alimentaires par exemple [4].

Ces effets ont un énorme potentiel pour la prévention et l’enthousiasme thérapeutique manifesté à l’égard de la consommation orale de lactobacilles et de bifidobactéries.

Le rôle du tissu lymphoïde associé à l'intestin

Le tissu lymphoïde associé à l’intestin (GALT) est constitué des plaques de Peyer, de lymphocytes et de macrophages intraépithéliaux. Les plaques de Peyer (agrégats de ganglions lymphatiques) sont recouvertes de cellules M.

Les cellules M sont des cellules épithéliales spécialisées qui contiennent des plis spécifiques (microfolds) et peuvent, après endocytose à partir de la lumière intestinale, présenter aux lymphocytes les antigènes captés. Ces lymphocytes sont acheminés vers une glande lymphatique mésentérique régionale ou la rate par la lymphe ou le sang.

Ces organes sont le théâtre d’une réaction immunitaire primaire qui conduit à la formation d’anticorps IgM et de cellules à mémoire IgM. L’IgM en circulation se lie à l’antigène du système GALT pour former des complexes immunitaires piégés par les cellules dendritiques des follicules des plaques de Peyer.

Là, probablement avec l’aide des lymphocytes T, l’IgM se transforme en IgA, et on assiste à la naissance de cellules à mémoire B avec de l’IgA à leur surface. Ces cellules circulent dans l’organisme par le flux sanguin, se nichant notamment dans la muqueuse intestinale.

Lorsque les lymphocytes B entrent à nouveau en contact avec le même antigène, elles se différencient en cellules plasmiques productrices d’IgA, sous l’effet des cytokines libérées. L’IgA, avec l’aide du composant sécréteur, est transportée à la surface de la muqueuse puis dans la lumière de l’intestin, où elle exerce son action.

Après un certain temps, la mémoire de l’IgA disparaît; elle doit être reconstruite via des cellules d’IgM.

[1] Berg R.D., Trends Microbiol. 1996 Nov;4(11):430-5.

[2] Brook, 1999. Guarner et al., 2006.

[3] Delcenserie, 2008.

[4] Maassen, 2000.